Un champignon, une mycose, un champignon ou une mycose. Il existe de nombreux noms pour les champignons, chacun évoquant sa propre association. L’un évoque le contenu des barquettes bleues en plastique du supermarché, que l’on met volontiers dans son chariot ou que l’on laisse de côté. L’autre aux taches blanches, grises, vertes ou poilues sur le pain de campagne qui est resté un peu trop longtemps dans la corbeille. Vous pensez peut-être à la maison d’un lutin avec un chapeau à chevilles, ou à un ingrédient toxique d’une potion de sorcière. Ou encore à un ongle d’orteil jaune et infecté ? Ces champignons ne sont pas toujours appétissants. Mais ils sont importants pour la science et l’art. Chez Ten Weyngaert, CurieuCity vous emmène dans le monde merveilleux des champignons.
Fungi est le nom latin des champignons. Le champignon que vous voyez dans la forêt ou sur votre pelouse n’est que la fructification d’un champignon. Les champignons se reproduisent en fusionnant leurs spores, qui contiennent de l’ADN, avec les spores d’autres champignons. Sous le sol se trouve un autre grand réseau de filaments fongiques (=de la nature des champignons) qui extraient le sucre, l’eau ou d’autres nutriments du sol. Comme les humains, les champignons sont hétérotrophes : ils survivent grâce à la nourriture produite par d’autres organismes. Contrairement aux plantes, donc, qui produisent leur propre énergie à partir de la lumière du soleil et sont autotrophes. i
Fungi-expo : champignons mycorhiziens et nouvelles applications des champignons
Dans le cadre de l’exposition Fungi-Expo en six parties, les participants en apprendront davantage sur les différentes facettes du monde fascinant des champignons. En travaillant (ensemble), les champignons nous apprennent quelque chose sur nos conceptions traditionnelles de l’individualisme, de l’intelligence et de la sensibilité. Les participants sont invités à découvrir leur relation avec ces organismes.
Tous les champignons ne se nourrissent pas de la même manière : certains s’attachent à une plante hôte en lui nuisant (parasitisme) ou utilisent de la matière organique morte. Mais la plupart des champignons vivent en harmonie avec une plante. Ils se lient alors par des fils fongiques mycorhiziens. Grâce à ces fils, le champignon fournit des minéraux supplémentaires à la plante, et la plante fournit du sucre et d’autres nutriments au champignon.
Découvrez comment les champignons mycorhiziens s’attachent à la plante hôte dans le guide informatif « L’impact des champignons sur les plantes stressées ». En effet, le champignon mycorhizien protège la plante des maladies et de la sécheresse. La graphiste Amandine Kervyn et le biologiste Joske Ruytinx de la VUB montrent de manière visuelle stimulante à quel point le champignon mycorhizien est essentiel pour notre écosystème. Vous voulez voir un tel champignon mycorhizien en vrai ? C’est possible à CurieuCity lors de l’exposition « Meet a Mycorhizzal fungus » dans la mini-forêt du site Ten Weyngaert.
Le réseau mycorhizien est souterrain et généralement invisible. Yami Moreno et David Ferreira y font allusion dans leur installation « Symbiotic Veil ». À CurieuCity, les visiteurs peuvent observer le système mycélien, ou réseau de fils fongiques, dans toute sa splendeur.
Grâce à l’intelligence artificielle, nous pouvons voir et entendre comment les champignons et les plantes communiquent et échangent de la nourriture et des minéraux. La symbiose entre ces deux types d’organismes fait réfléchir les visiteurs sur l’interdépendance des organismes.
Deux espèces biologiques différentes vivant ensemble pendant de longues périodes sont en symbiose. Par exemple, un parasite peut avoir une relation symbiotique avec son hôte, même si le parasite est le seul à bénéficier de cette relation.iiLe mutualisme est une sorte de symbiose, où les différents organismes bénéficient tous deux de l’interaction. En d’autres termes, il s’agit d’une relation gagnant-gagnant. Les champignons qui interagissent avec un arbre par le biais d’un réseau mycorhizien en sont un bon exemple. Le champignon reçoit des nutriments supplémentaires et l’arbre des minéraux supplémentaires. Toutefois, ces deux termes ont également une signification sociale. Une relation symbiotique ou mutuelle est une relation dans laquelle les partenaires dépendent l’un de l’autre et se complètent de manière équilibrée.
On ne connaît pas le nombre exact d’espèces de champignons, mais il y en a certainement plus d’un million. Nous les utilisons entre autres comme nourriture ou pour leurs effets thérapeutiques ou médicaux. Sara Manente explore leurs utilisations inconnues dans ses installations. Dans le « Muffa Bar », vous pouvez « rencontrer » des champignons : le comptoir est tapissé de pain au levain, et les champignons et les sculptures de champignons y ont également leur place. Les champignons sont imprimés sur les rideaux, prouvant leur utilité scientifique et sociale innovante. Que diriez-vous d’un champignon qui digère les polluants environnementaux ? En collaboration avec Deborah Robbiano et Sebastien Tripod, Manente a réalisé ces rideaux pour l’exposition « Towards a ruined theatre », où ils ont construit un théâtre avec des champignons.
Au Muffa Bar, vous pouvez imaginer avec Christophe Albertijn comment les champignons communiqueraient. Quelle voix utiliseraient-ils, quels sons produiraient-ils ? Les participants enregistrent les sons à Ten Weyngaert à l’aide d’un microphone, donnant ainsi vie au terrain des champignons inaudibles.
Une autre application inexplorée des champignons se trouve dans le monde de l’architecture. Elise Elsacker présente un prototype de bloc de mycélium. Elle parle du rôle du mycélium dans l’architecture et permet aux visiteurs de découvrir par eux-mêmes le monde merveilleux des matériaux de construction vivants.
Ce bloc autoréparable constitue-t-il une avancée pour l’architecture durable ?
Le mycélium ou glande fongique est la partie filandreuse, souvent souterraine, d’un champignon. Il extrait les éléments nutritifs du sol et se met en réseau avec d’autres champignons. Combiné à des déchets, il est ensuite transformé en blocs mycéliens. Le mycélium se nourrissant lui-même, un tel bloc pousse naturellement. iiiLes concepteurs de matériaux de construction le mettent souvent dans un moule pour obtenir la forme souhaitée, puis le font cuire. Le mycélium est biodégradable et très résistant. Il s’agit donc d’une application durable prometteuse.
Marjolijn Dijkman et Toril Johannessen sont présentes à la Fungi Expo avec leur installation colorée et visuelle « Reclaiming Vision ». À l’aide d’un microscope optique, elles ont capturé la vie d’un fjord à Oslo. On peut y voir les effets de l’activité humaine sur les algues et les micro-organismes.
Fungi Night : cuisiner, parler et observer les fungi
La nuit des champignons débutera par une présentation de l’exposition par des scientifiques et des artistes.
Britt Bakker, Joske Ruytinx, SpecXCraft et Sara Manente discuteront des liens entre la science, l’art et la nature. Theresa Spielman sera la modératrice. Elle est doctorante à l’Université d’Anvers et membre du projet de recherche « Performing Ends », qui réunit la science et l’art en réfléchissant à un monde post-humain. Préparez-vous à une conversation sur le rôle que la biodiversité peut jouer dans les processus créatifs.
Également au menu de la Fungi Night : Anagram, une organisation bruxelloise qui vise à sensibiliser à l’environnement par le biais de l’art contemporain. Elle offre aux visiteurs de la fongidine, assaisonnée d’émotions et d’idées.
CurieuCity conclut la « Fungi Night » par la projection du documentaire The Mushroom Speaks. Il met en scène des parasites, des champignons vivant en symbiose et des champignons en décomposition. La réalisatrice Marion Neuman montre comment ils se rencontrent, cherchent à coopérer et à résister. Les champignons et leurs alliés y parviennent en cherchant à innover et à travailler ensemble. Vers une révolution mycoculturelle ?
« The Mycocultural Revolution » est un livre écrit en 2022 par Peter Mccoy. Il estime que l’étude des champignons, la mycologie, est essentielle pour restaurer le climat, soutenir les communautés locales et améliorer notre vie en général.iv
Avant le coup d’envoi officiel du festival des champignons à Ten Weyngaert, les élèves de certaines écoles auront la possibilité de participer à l’atelier « Se débarrasser du plastique grâce aux microbes ». Un microbe est un organisme trop petit pour être observé à l’œil nu. Certains microbes se fixent sur les microplastiques et les décomposent. Vincent Crabbe, chercheur à la VUB, enseigne aux étudiants l’importance des microbes et leur rôle dans le processus de production des microplastiques. Comment ces micro-organismes peuvent-ils contribuer à des applications durables ? Sous la direction de l’artiste Britt Bakker, les participants réaliseront un court-métrage mettant en scène des microbes, qu’ils présenteront peut-être au mini-festival du film de CurieuCity.